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Euralis : « Un vrai chantier à ciel ouvert »

Pour Christophe Congues, président d’Euralis, faire adhérer pleinement salariés et agriculteurs au nouveau modèle que propose la coop est incontournable pour réussir la transition liée au choix du conseil fait par le groupe. © EURALIS

Christophe Congues, président d’Euralis, nous a accordé un entretien le 18 février, à la suite de l’assemblée générale qui a eu lieu quelques jours avant. Il fait le bilan de la première année de fonctionnement du groupe après avoir fait le choix du conseil et abandonné la vente de phytos.

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Christophe Congues, président d’Euralis, ne peut que se féliciter de la décision du groupe d’avoir choisi le conseil, plutôt que la vente, en janvier 2021. Un chemin que beaucoup d’observateurs scrutent avec intérêt et curiosité, et un choix que les salariés portent avec fierté. « Quant aux adhérents, deux mille d’entre eux ont souscrit une prestation de conseil en 2021 et 90 % ont resigné en 2022, auxquels s’ajoutent de nouveaux venus, se réjouit-il. Nous leur proposons une offre sur mesure, dont toutes les préconisations sont tracées, avec suivi des indicateurs et bilan obligatoire en fin de campagne. »

Ouvrir le capital social aux salariés et aux agriculteurs

Afin de combler les 32 M€ de pertes (et 10 M€ de marge) sur les ventes de phytos, Euralis se réorganise. Le groupe, qui a réalisé 1,44 Md€ de CA en 2020-2021 (contre 1,33 Md€ en 2019-2020), a présenté sa feuille de route le 3 septembre dernier à ses adhérents et ses salariés, si bien que chacun sait où il va. « Nous consacrons 4,5 M€ à un plan de formation sur cinq ans et tous nos collaborateurs sont à fond dans le projet, même si c’est un vrai chantier à ciel ouvert, précise le président. Il n’y a que collectivement que nous pourrons y arriver. C’est aussi pourquoi je souhaite ouvrir le capital social du groupe aux salariés et aux agriculteurs. J’espère pouvoir l’annoncer à la prochaine AG. »

Vers plus de contractualisation d’ici 2025

« Nous voulons aussi proposer aux agriculteurs, dont 50 % des productions en moyenne sont contractualisées, de passer à 70 % d’ici 2025, poursuit Christophe Congues. Pour être plus proches de nos adhérents et proposer du cousu main, nous avons créé six territoires, définis par leur typologie géologique et géographique, et par les productions qui leur sont propres. Un administrateur et un technicien opérationnel travaillent en binôme sur chacun d’eux. »

Se diversifier dans le kiwi et la châtaigne

Afin d’accompagner ses adhérents vers des productions à forte valeur ajoutée, Euralis propose, par exemple, le développement de la production de kiwis, avec la Scaap Kiwifruit. 90 producteurs sont intéressés pour la plantation de 200 ha, dont 10 ha dès 2022. Des expérimentations se font également en kiwi rouge sous serre, une nouveauté qui pourrait séduire une quarantaine d’agriculteurs pour une vingtaine d’hectares. Enfin, la culture du châtaignier est envisagée pour la fabrication de farine, très appréciée des intolérants au gluten.

Plein feu sur les énergies vertes

L’énergie décarbonée est aussi au programme, avec l’installation planifiée de panneaux photovoltaïques sur les toits des outils de transformation de Maubourguet (Hautes-Pyrénées) et des Herbiers (Vendée). L’ambition est de produire, à l’horizon 2022, au moins un quart de l’électricité consommée par ces usines. « Qui tient son énergie, tient sa marge ! », note le président. Une fois que les toits seront saturés, suivront des projets d’agrivoltaïsme, avec des cultures innovantes sous les panneaux.

Des pôles qui se portent bien

Par ailleurs, Lidea (376 M€ de CA), nouveau pôle semence d’Euralis créé en septembre 2020, affiche de bons résultats, les parts de marché d’Euralis semences et Caussade semences, regroupés dans cette filiale, s’étant parfaitement additionnées. Les Ateliers culinaires (193 M€ de CA), avec la marque Stalaven, sont bien remontés, en pariant sur une gamme traiteur réduite et saisonnée « faite maison » et une forte baisse des nitrites dans les préparations.

La force de la R&D

« Notre réussite demeure aussi dans notre capacité à investir en R&D, ajoute Christophe Congues. Nous avons consacré 35 M€ au secteur semences, 5 M€ au pôle alimentaire et 5 M€ à celui du canard. Nous avons ainsi lancé un foie gras au torchon, emballé dans un tissu fabriqué par un tisserand local, pour le grand public, et un burger d’effiloché de canard pour les restaurateurs. Tous deux ont fait un carton. »

Florence Jacquemoud

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